Quelques pages de bande dessinée de temps en temps.

Une critique essayant d'être intéressante à cette occasion.

Un aspect particulier de la bande dessinée à chaque critique.


jeudi 12 février 2015

La bande dessinée, au stylo.

Franquin nous montre comment il dessine la lumière (au stylo).

Franquin et Greg et Jidéhem, QRN sur Bretzelburg (enfin, la couverture de la version intégrale publiée en 1987) ('tention, c'est pointu), Dupuis.

MAIS QU'EST CE QU'ON S'EN FOUT DE CETTE COUVERTURE ?

En fait, ce qui m'intéresse dans cette couverture, c'est la manière dont Franquin a représenté la terre.

La terre, là, en-dessous du panneau.

Il ne l'a pas représentée par une masse uniforme de noir. Non, il a organisé un quadrillage irrégulier, qui donne une surface mouvante, parfois plus dense (plus noire) parfois moins (plus claire). Cette terre n'est plus un aplat, mais a une texture, presque un caractère, une identité.

C'est cette recherche dans les détails et les textures qui va guider le travail de Franquin dans la fin des années 70 (enfin, en partie, hein, mais c'est à ce moment qu'il commence à réfléchir à cet aspect de son dessin) (enfin, non, c'est pas à ce moment, c'était bien avant, mais disons que c'est à ce moment qu'il trouve plein de solutions à appliquer) (enfin, non, c'est plutôt

ENFIN VOUS VOYEZ CE QUE JE VEUX DIRE !

  • après 1970 : Gaston Lagaffe au top. Le dessin au top. Des détails partout, et toujours plus.

On est loin des décors super simples avec juste un coin de bureau des débuts de Gaston
Là, carrément, on fait des voûtes romaines (avec des livres, encore plus compliqué à dessiner que des cailloux).

Le détail du graphisme se propage à tout : décors, plantes, personnages, vêtements, animaux.

On peut voir le niveau de détail gagné dans le dessin du même personnage 
qui apparaît dans bravo les brothers (1965) et ici (un gag de la fin 72).
(Pourtant, en 65, on se disait que c'était déjà pas dégueu.)

On peut remarquer que les décors ne sont pas simplement plus détaillés, ils ont pris de la profondeur (au propre comme au figuré), l'épaisseur du trait permettant de jouer sur les contours des formes, les détails des objets, les différents plans, etc...

Enfin, et faut pas l'oublier quand même, toute cette technique permet simplement de dessiner des trucs rigolos.

ET SI JE ME NIQUAIS LES YEUX ET LA SANTÉ AVEC PLEINS DE PETITS TRAITS PLUTÔT QUE DE PASSER MES VACANCES À LA BAULE-LES-PINS ?

Franquin, sur la fin de Gaston, devient un maniaque du détail, de la précision et de la maîtrise. 

Ce n'est pas simplement le fait d'avoir mis le doigt dans le travail sur la maîtrise du pinceau (il y a de ça, mais pas que), c'est également que ces détails crédibilisent l'univers de Gaston (qui est un univers très peu crédible).

L'ensemble des petits zigouigouis présents sur la veste du directeur du zoo crédibilise le personnage. Nous aussi, nos vêtements ne sont pas sans nuance dans la texture ou les couleurs. Il y a des plis, des anicroches, des bouloches, je sais pas, moi. Ce n'est pas lisse comme une feuille de papier.

Hé bien le dessin de Franquin est pareil. Petit à petit, il donne une texture à tous les objets. Il représente mieux le frisotti du poil de Yack, ou le gonflement d'une feuille, ou le vieillissement de la teinture d'un pantalon, ou la reliure un peu écrasée d'un livre.

(Et, ça, c'est vraiment rare ; en général, dans une bande dessinée, on a toujours l'impression que les personnages sont habillés avec des vêtements achetés il y a moins de deux heures chez Gap.) (Dans les films, d'ailleurs, c'est le même problème : très peu de personnages ne portent ne serait-ce que des vêtements un peu froissés.) (Chez Franquin, plus on avance dans les années, plus les vêtements des personnages sont froissés.)

Ce ne sont pas des représentations réalistes que nous fait Franquin (le directeur du zoo ressemble plus à Homer Simpson qu'à une vraie personne). Mais ce sont des détails réalistes. Des détails sur les textures et les formes qui nous rappellent les textures et les formes de notre quotidien.

Chez Franquin, les personnages ont peut être des nez de quatre kilos, mais ils ont la même chemise que nous.

Et cette démarche va encore s'accentuer.

  • 1977 : Les idées noires (et les titres du Trombone illustré). Franquin passe au rotring (une marque de stylo, en fait) (enfin une marque de porte-plume à pointe amovible pour encre de chine) (un stylo, mais pas à bille, et très fin).

Franquin va (entre deux phases dépressives) continuer d'étudier la forme et la texture de ses dessins. Il arrive bien à donner une texture à des aplats de couleurs (la veste du directeur du zoo, le pull de gaston, etc.). Il va maintenant essayer de donner une texture à des aplats de noir. (Une question qu'il a déjà abordée chez Gaston de manière sporadique.)



POURQUOI FRANQUIN SE FAIT-IL SUER AVEC SES HISTOIRES D'APLATS NOIRS ?

Dans la vraie vie, tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc.

Les yeux ouverts dans sa chambre aux volets clos, on aperçoit de très discrètes formes, de très légères sources lumineuses (et ensuite on se cogne le petit orteil contre le pied de la commode). La nuit noire de chez noire, ça n'existe pas.

Et c'est bien ce qu'essaye de représenter Franquin : pas la nuit noire d'encre de chine, mais la vraie nuit, notre nuit, celle remplie de formes indécises et d'opalescence devinées (mon « DUT poète » n'aura pas été vain). Une nuit qui a une texture.

Une nuit que l'on voit dans les idées noires.







Bon, alors, là, il faut bien se dire qu'en plus, j'ai scanné, j'ai découpé, j'ai enregistré, et il y a beaucoup moins de définition que sur la vraie planche du vrai Franquin.

CEPENDANT.

Ce qu'on peut déjà voir, c'est que c'est très fin, comme trait (plus fin que la plume, plus fin que le pinceau).

Et c'est bien le but, puisque c'est l'entrelacement de ces traits super-méga-giga fins qui permet de faire « vibrer » le noir. (Oui, c'est un terme à la con qui veut rien dire et qui fait croire que je suis commissaire d'une exposition d'art conceptuel dans une petite galerie du 7° arrondissement de Paris, mais je n'ai pas mieux dans ma musette.)

Le noir n'est pas simplement du noir. Il est autre chose. Le mouvement du trait (que l'on peut encore percevoir dans ce noir), qui donne vie d'habitude à des personnages, donne vie au noir.

Le noir n'est plus simplement un aplat, il est la description d'une texture, d'une matière. (Comme avant Franquin essayait de dessiner au mieux la matière du pull de Gaston, ici, il essaye de décrire au mieux la matière de la nuit.)

ÇA DEVIENT LIMITE MÉTAPHYSIQUE.

Texture du noir et texture du vêtement se rejoignent.

C'est toujours un problème de texture, mais abordé en négatif, si on veut : 
au lieu de dessiner les bouloches, Franquin dessine tout ce qu'il y a autour des bouloches, et celles-ci apparaissent en blanc.


Au lieu de dessiner la poussière, Franquin dessine tout ce qu'il y a autour de la poussière, et peuple la nuit.


Au lieu de dessiner la lumière, il dessine tout ce qu'il y a autour de la lumière.

Le pinceau, aussi précis soit-il, n'aurait pas permis (à cause de son épaisseur) le dessin de ces poussières dans la nuit. Mais le passage a un outil plus fin (et moins souple, ne permettant pas (ou très peu) de faire de pleins et de déliés) ouvre la possibilité de dessiner ce qu'il y a de plus fin : les poussières, les formes dans la nuit, un rayon de lumière.


Le pinceau (chez Gaston) ne peut pas lutter contre la finesse du rotring.

OUI, D'ACCORD, MAIS, DONC, PLUS DE PLEINS ET DE DÉLIÉS ?

Non, mais ce n'est pas spécialement gênant, puisque Franquin nous fait une deuxième mutation.

Il était d'abord intéressé par le rythme et la précision : il avait la plume.

Il s'est ensuite absorbé dans la description subtile des personnages et de leurs environnements : il s'est mis au pinceau.

C'est ensuite la manière de crédibiliser des environnements par leurs matières qui l'intéresse : il se met au rotring.

Il perd en souplesse, en « proche des personnages », en gentillesse, quoi. Mais il gagne en acuité.

(Ce qui est assez proche de ce que sont les idées noires, finalement : des personnages pas si attachants que ça, ou carrément dégueux, mais une grande acuité du regard.)

UN GÉNIE, JE VOUS DIS ! ÇA VA RENTRER, OUI !?

Encore une fois, il a fait évoluer sa forme (encrage en rotring) et son fond (détachement des personnages) de concert, pour une symbiose toujours parfaite.

OUI, JUSTEMENT, AVANT DE PARTIR, UNE PETITE PRÉCISION SUR CETTE SYMBIOSE.

J'ai parlé de plumes, pinceaux et rotring, et c'était comme de bien entendu super.

Seulement 1°) je n'y connais rien, donc peut être que j'ai pu faire une erreur ici ou là ; et 2°) Franquin, quand il est passé d'une technique à l'autre à la troisième n'a jamais complètement abandonné les précédentes.

Il a continué, par exemple, chez Gaston, à dessiner les ombres en quadrillage à la plume. Ou à lettrer (la plupart du temps) à la plume.

De la même manière, une fois arrivé dans les idées noires, il a continué à se servir de plumes et de pinceaux.

PAR EXEMPLE.

Si on regarde la couverture des idées noires, on peut y voir tout un tas de techniques pour tout un tas de rendues différents.



Rotring.

Plume. (Je crois.)

Pinceau.

Fusain.

Travail sur les blancs. 
(Obtenu avec du grattage des noir ou avec de la gomme arabique ou avec de la craie grasse blanche ou je sais pas ?)

N.B. Un certain Jérôme Anfré me dit dans l'oreillette : « ben moi je sais, c'est du grattage à la lame de rasoir. Franquin a souvent dit qu'il aimait beaucoup le papier Schoellershammer parce qu'il résistait bien au grattage. »

Travail des masses de noirs qui donnent de la lourdeur au pilon et aux mains.

Travail sur les blancs qui donnent de la légèreté au foulard.

Franquin, quand il se met à une nouvelle technique ne lâche pas les autres de manière complètement dogmatique. Il n'est pas un autiste obnubilé par l'amélioration de la finesse de son trait au détriment du reste.

AU CONTRAIRE.

Franquin a toujours choisi de lier technique et fond. L'évolution de ses techniques et de ses buts narratifs et artistiques ont évolués de pair, l'un précédent puis suivant, justifiant ou motivant l'autre.

FRANQUIN, C'EST LE BOSS.

Hé ouais, mec.

jeudi 5 février 2015

La bande dessinée, au pinceau.

Franquin nous montre comment il évolue dans sa narration en même temps que dans sa technique.





Franquin et Greg et Jidéhem, QRN sur Bretzelburg (le vrai, pas le vulgairement coupé de la semaine dernière), Dupuis.

Nous en étions resté au moment où Franquin voulait accroître les nuances de son dessin pour accroître les nuances des attitudes de ses personnages. (Un travail qu'il avait déjà commencé à faire, mais qu'il va beaucoup plus creuser désormais.) 

PARCE QUE LÀ, PAF (LE CHIEN) :

  • 1963 : Spirou et Fantasio : QRN sur Bretzelburg. (Reprise de l'histoire, après une grande pause, et avec un dessin sensiblement différent.) (Franquin revient véner et aligne tout le monde avec un dessin de malade.)



Si la bouille de Fantasio est restée identique entre 61 et 63, il faut surtout regarder sa manière de se fringuer. Avant : des bras encore « en allumette » et un col bien défini. Après : un tissu beaucoup plus souple, qui baille et qui fait des plis de partout.


Même punition pour le général Schmetterling, dont les membres rigides se « courbisent ». Le bras est moins droit, la posture est moins rigide, les détails abondent : plus de poils dans la barbe, plus de plis dans la manche, plus de reflets dans les décorations.


Les différences les plus notables sont visibles sur le docteur Kilikil. Les cheveux sont plus fous, les lunettes moins ajustées, les yeux et la bouche plus grands (pour l'expressivité), le bras moins droit, le vêtement plié et moins ajusté (la poche baille), jusqu'aux doigts, plus finement dessinés.

LES DOIGTS, CE N'EST PEUT ÊTRE RIEN POUR VOUS, MAIS, POUR MOI, ÇA VEUT DIRE BEAUCOUP.

Ses mains nous montrent que Franquin agit un peu comme un footballeur qui veut gagner plein de thune coucher avec des prostituées, devenir célèbre et rentrer en boîte facile, être vénéré comme un demi-dieu sans trop de raisons, prendre une revanche sur son instit de CM2 qui lui a dit qu'il ne ferait rien de bon dans la vie, approfondir sa passion : ses aspirations pures et nobles le motivent pour s'entraîner, étudier, mieux comprendre  ; du coup il progresse techniquement ; du coup il progresse dans son jeu en général ; du coup, il prend du plaisir sur le terrain.

Franquin, lui, veut se rapprocher de ses personnages en améliorant leurs expressions.


Du coup, il s'entraîne et progresse dans son dessin, sa touche, la précision et la maîtrise de son trait.

Du coup, en plus des visage hyper-expressifs, il peut dessiner des mains de ouf.


Du coup, il kiffe ce qu'il fait. 

Ce qui l'amène à s'amuser encore plus (notamment dans les postures de ses fameux personnages, qui deviennent encore plus expressives).

Y a pas que les mains dans la vie, regardez-moi donc ces doigts de pied !

Ce qui le motive encore plus pour s'entraîner et devenir meilleur.

Whaaaaa c'trop bien !

BON. D'ACCORD. MAIS QUEL RAPPORT AVEC LA PLUME ET LE PINCEAU, TOUT ÇA ?

On voit qu'entre 61 et 63, Franquin a dérivé vers un dessin plus souple, moins raide (les bras, les visages, et même les doigts de pieds des personnages) sont plus dans la courbe quand avant ils étaient dans la ligne droite.

Tout ça parce que cette fameuse courbure, la souplesse, permet de rajouter de la subtilité (un peu plus courbée, un peu moins courbée) dans le dessin (alors que quand le trait est droit, bin il est droit, il n'y a pas de gradation, de subtile variation dans la droiture d'une ligne).

La manche est : détendue, tendue, super tendue, fatiguée, épuisée.

Pour plus de subtilité dans l'expressivité de son dessin et de son trait, Franquin va aller vers plus de souplesse. Et comme Franquin le disait : le pinceau [...] donne surtout un trait bien délié, souple. Franquin va donc avoir l'idée de changer d'outil et de passer de la plume au pinceau.

  • 1965 : Spirou et Fantasio : Bravo les brothers. La première (et avant dernière) aventure que Franquin encre au pinceau.


HA OUAIS ? ET COMMENT TU VOIS QUE C'EST DU PINCEAU, GROS MALIN ?

Fastoche, il suffit de revenir à QRN :

  • 1966 : Spirou et Fantasio : QRN sur Bretzelburg, encore. Première publication en album (une publication redécoupée pour faire moins de pages et que ça rentre dans un bouquin).

Voilà la version de 61 (avec plein de cases en plus) :


Et voici la version de 66 (avec plein de cases en moins, et dont la dernière case a été redessinée pour des raisons de place) :


Cases de 61 et case 66 :


Alors, certes, le style à changé. À cela rien de très surprenant, puisqu'on a vu que le style de Franquin est toujours mouvant. Mais l'encrage aussi a changé. Et, en fait, l'encrage et le style ont évolué de concert. 

Franquin voulait un trait plus souple.

Franquin voulait un trait plus précis.
(Ici, il marque mieux les fioritures et le volume du siège grâce aux pleins et déliés du pinceau).

Franquin voulait un trait plus démonstratif. 
(En abandonnant le dessin des bras et jambes en allumettes, il se permet d'exagérer la position du corps de Spirou, 
et de le rendre plus expressif.) (Il semble plus avachi dans le siège, le corps est « mieux assis ».

Mais il n'y a pas que le corps. Les visages gagnent également en expressivité.
(Le trait légèrement accentué sur les paupières ou le bas des oreilles du marsupilami les rendent plus lourdes.) 
(Les bras plus souples semblent mieux avachis. Le poil est plus tombant et fatigué. Même les sourcils sont moins droits.)

(Sur cette image, on voit aussi bien la différence entre plume et pinceau : trait plus raide mais aussi plus net, 
contre trait plus souple et délié mais qui ne fait pas forcément ce que l'on veut au millimètre, moins précis.)

En fait, la seule chose qui ne change pas, ce sont les lettres dans les phylactères, qui sont toujours réalisées à la plume 
(même si, là encore, on gagne en expressivité avec un « Ho ! » plus gros).

  • 1967 : Spirou et Fantasio : Panade à Champignac, dernière aventure de Spirou et Fantasio sous l'égide de Franquin. Après celle-là, il les laissera tomber comme de vielles chaussettes ; Fantasio, notamment, n'apparaîtra plus dans les gags de Gaston.

Expressivité et précision dans le corps et le visage de Champignac. 
Subtilité dans ses différentes attitudes, toutes semblables mais toutes différentes, exprimant toujours une nouvelle nuance.

Le changement d'outil chez Franquin a permis d'atteindre de nouveaux objectifs artistiques.

Ses objectifs, au début, étaient d'être précis, efficace, et très rythmé (le rythme, c'est bien utile quand on doit faire des gags et des scènes d'action), et ont été atteints avec une plume. Ils ont été ensuite de devenir plus subtil, expressif, et doux (pour se rapprocher des personnages et de leurs « vraies » vies avec un regard lui aussi plus doux), et ont été atteint avec un pinceau.

Du coup, dans bravo les brothers ou panade à Champignac, les histoires sont plus centrées sur les personnages et la poétique des situations, moins remplies de gags ou d'aventures échevelées (dans panade à Champignac, les personnages passent la moitié du temps à pouponner, et les gags tirent vers la parodie).

Franquin est fatigué des mécaniques narratives de récits d'aventure et va légitimement abandonner le rouquin et le chauve pour se réfugier chez Gaston, une série sans aventure, qui lui permet d'observer la vie du journal et de ses journalistes, d'abord, puis plus simplement la vie de Gaston (son travail, ses passions, ses amours, ses engagements politiques, etc).

  • 1968 :  Gaston Lagaffe.

En même temps qu'il arrête Spirou, Franquin arrête le travail en studio, et dessine donc désormais tout dans ses cases, notamment les décors, qui vont devenir de plus en plus détaillés (comme tout son dessin).

Et c'est là que le bât blesse, car, si le pinceau a des tas d'avantages, il a également un petit soucis : le trait devient plus lourd.


Si on compare encore une fois le marsupilami-plume et le marsupilami-pinceau, les traits de ce derniers sont plus épais.

D'ailleurs je n'invente rien, c'est Franquin qui le dit lui-même, souvenez-vous :
On pourrait penser que le pinceau donne forcément un trait peu précis, lourd.
Hé oui !
Mais il faut aller au-delà de ce stade un peu pénible...
Hé oui ! 
...pour découvrir les grandes possibilités du pinceau dans le trait.
Hé oui !

C'est justement toutes ces possibilités que Franquin va explorer/améliorer/porter au zénith du firmament dans Gaston

(Attention, hein, je ne dis pas que le trait de pinceau de Franquin était de la merde et qu'il aurait du se cacher sous les roues d'un train. Je dis que c'était hyper top, et qu'il va travailler pour rendre tout ça hyper méga giga top.) (Qu'on ne se méprenne pas.)

Petit à petit, avec la maîtrise de son outil, les dessins vont gagner en légèreté, en finesse, en détails. Tout en conservant cette grande douceur (qui se traduit par la gentillesse qui sourd des pages) (oui, qui sourd) et expressivité (qui rend les personnages vivants et subtils).

La grande classe, quoi.

Quand Franquin commence à vouloir dessiner l'insaisissable, comme la vapeur, par exemple.

Jusqu'à réussir à dessiner l'air, la nuit, ou un grain de lumière.

T'EN FAIS PAS UN PEU TROP, NON ?

Pas du tout.

MOI, JE DIS : « DANS LE DOUTE, ARRÊTE LA DROGUE. »

Bin on verra bien qui a raison la semaine prochaine.