Quelques pages de bande dessinée de temps en temps.

Une critique essayant d'être intéressante à cette occasion.

Un aspect particulier de la bande dessinée à chaque critique.


mercredi 23 décembre 2015

La bande dessinée est soumise à la gravité, et des fois plus.

Uderzo met tout le monde d'accord sur cette histoire de gravité et on peut partir en vacances de Noël l'esprit tranquille.

Goscinny, Uderzo, et le coloriste masqué, Astérix - Obélix et compagnie, chez un peu beaucoup d'éditeurs, à force, je suis plus.

SI VOUS EN AVEZ FINI AVEC LA GRAVITE, LA GRAVITE N'EN N'A PAS FINI AVEC VOUS.

Il existe une méthode hyper élégante pour dessiner la gravité. Ne pas dessiner son effet sur les habits des personnages. ne pas dessiner son effet sur les mouvement des personnages. Ne pas dessiner son effet sur les positions des personnages. Dessiner son effet sur les corps eux-mêmes.


Ce que fait Picault en dessinant le ventre et les bras de la mouche-moche qui s'affaissent légèrement sous leur propre poids.
(Le trait du bras n'est pas tout droit, il courbe un peu vers le bas.)


Mais ce qu'elle ne fait pas toujours, parce que, des fois, bin, elle a envie de faire autre chose (CQFD).

MAIS PARLONS DÉJÀ DES CORPS EN EUX-MÊMES, CE SERA UNE BONNE CHOSE DE FAITE.

Uderzo, très clairement, pousse la caricature de son dessin très loin et utilise carrément des personnages difformes.
Des personnages a très gros nez.


Des personnages a très gros ventre.

Des personnages a toute petite taille (il arrive aux hanches des autres personnages, pire que passe-partout).


Et des personnages a ventre encore plus gros que le très gros ventre (le mec est un ballon, en fait).

Partant de là, Uderzo dessine presque un univers à la Barbapapa, avec des personnages qui prennent des formes zarbis, juste parce que c'est rigolo. (Ok, Obélix ne prend pas la forme d'une voiture, mais il prend quand même la forme d'un ballon.)

Seulement, si les aventures d'Astérix marchent sur la caricature de notre propre mode de vie et qu'il est fort logique que le dessin d'Astérix soit également une caricature ; si les aventure d'Astérix sont comiques et qu'il est fort logique que le dessin d'Astérix soit également comique ; si les aventures d'Astérix font voler les romains et qu'il est fort logique que le dessin d'Astérix fasse voler les romains ; point trop n'en faut.

Uderzo et la caricature : une longue histoire d'amour. (Ici, c'est censé représenter Chirac jeune.)(Ok. C'est pas super évident.) (Surtout pour ceux qui n'ont pas connu Chirac, ou encore moins Chirac jeune.)

Uderzo a poussé le bouchon si loin qu'on risque de ne plus se reconnaître dans ces personnages aux physiques très étranges et qu'il faut corriger le tir d'une manière ou d'une autre en ramenant ces personnages dans un monde  qui nous ressemble.

Un monde de gravité.

Un monde dans lequel les corps des personnages sont soumis à la gravité.

La gravité : la force qui fait décidément très mal (qui fait mal, qui fait maaaaal).

UN MONDE COMME LE NOTRE, AVEC DES NEZ DE SEPT KILOS.

Uderzo ne déforme jamais les corps de ses personnages. Ils sont difformes, mais pas déformés (Attention, cette phrase contient une subtilitay de vocabulaire de la langue française, ami lecteur allemand, bonne chance). Il n'allonge pas un bras pour hyperboler un coup de poing, il n'allonge pas les jambes pour accentuer le coup reçu. Tout se passe comme si on partait du principe que les personnages ont des corps chelous. Bon. Ok. Mais que ces corps étranges évoluent exactement dans le même univers que nous (gravité, politique, pilosité, ils sont tout pareils que nous sauf sur leur forme, quoi). (C'est donc bien une caricature, je viens de paraphraser ce que j'ai dit plus haut, je vieillis.)



Il n'y aura jamais de déformation / exagération à la Tex Avery dans le dessin d'Uderzo.


Alors que dans cette case, l'ensemble des corps représenté reste cohérent, sans un poil d'élongation d'une tête, d'un bras, d'une jambe pour exagérer/amplifier le mouvement et l'impact.

Par contre, il a trouvé un truc pour déformer sans déformer : la sandalette.

Ou la chaussurette, ça dépend des jours.

La sandalette, ça permet de donner l'impression que les pieds restent au sol et que le reste du corps monte-monte et se déforme-déforme tout en restant dans les clous de lois physiques classiques (à supposer que dans les lois physique classiques, il y en ait une qui explique pourquoi les boucles des sandalettes se détachent au moindre choc. Les romains faisaient de terriblement mauvaises godasses.)

Ça marche aussi avec les casques qui, en se décollant du visage des romaines, donnent l'impression que ces fameux visages s'allongent sous le choc du coup de poing.

L'important est que les corps des personnages restent réalistes dans leur irréalisme (c'est pourtant clair). C'est pour ça que, au fur et à mesure des albums de Astérix, les personnages gagnent en détails, en cheveux fous, en poils sur les phalanges des doigts, en rides. Leurs corps (bien que toujours caricaturaux), gagnent en détails réalistes.


Petites cernes sous les yeux, rides, ridules, cheveux fous, poils au menton, poils aux bras, poils aux doigts.
(Ce n'est pas un hasard si Uderzo est un des seuls dessinateurs à dessiner les poils des bras. 
C'est parce que la recherche du détail crédible est une des pierres angulaires de son dessin.)

Uderzo a lui aussi dealé avec cette fameuse vallée dérangeante sans la franchir : il a réalisé un dessin photo-réaliste (c'est le grand truc des images de synthèse d'animer le moindre poil et cheveu de leurs personnages ; et bin Uderzo fait pareil et dessine le moindre poil et cheveu de ses personnages) mais en conservant un aspect caricatural qui permet de rester en repli de la vallée. On a le réalisme et le non-réalisme dans le même dessin. le meilleur des deux mondes. Chapeau l'artiste.

En fait, Uderzo a trouvé un moyen de dessiner ça :
 sans que cela soit gerbos.

J'espère que vous vous rendez compte de la performance.

(Bon, c'est pas complètement vrai, parce que ce qui fait la différence entre le Homer ci-dessus et Astérix est en fait la texture de la peau. En restant avec des couleurs en aplat, Uderzo (enfin, son coloriste-jamais-crédité) (mais qui est cet homme ?) (est-ce Zorro ?) (est-ce Fantômas ?) (est-ce une femme) (on va quand même pas commencer à créditer les femmes ?) s'épargne bien des soucis.

(Donc, ok, j'ai triché, mais c'était pour avoir un argument bien percutant, et comme je vois en ce moment
 des tas de grosses blondes qui presque-gagnent des élections en faisant ça à la télé, je suppose que c'est la bonne méthode.)

OK. D'ACCORD. C'ÉTAIT SUPER. ET SI ON PARLAIT DE GRAVITÉ ? PARCE QUE JE TE RAPPELLE QU'ON EST VENU POUR ÇA, A LA BASE.

Uderzo installe d'abord cette gravité grâce au fameux centre de gravité, qui n'est jamais pris en défaut dans son dessin (malgré les formes alternatives de leurs corps, on n'a jamais l'impression que les personnages vont tomber sur leurs fesses ou sur leur nez parce que leurs centres de gravité sont toujours placés à la verticale de leurs pieds).

Tombi ? Pas tombi ? Le grand jeu.

 Cette notion a l'air tout basique, dite comme ça, mais, bon, c'est pas si évident, certains autres auteurs ont du mal avec :


(Un exemple au pif.)

Puis il décrit les effets de cette gravité sur les corps de ses personnages, ce qui voudra dire concrètement que les différents membres des corps des personnages vont ployer légèrement sous le fait de leur propre poids.

On voit ça très bien quand les sangliers (ou les romains) se font trimbaler sur le dos d'Astérix ou sous les bras d'Obélix.


On voit bien sûr ça très bien quand n'importe quel corps de n'importe qui pendouille.
Et on voit ça un peu moins bien mais restez concentrés avec les postures et les squelettes des personnages (et des épaules tombantes sauf en cas d'action qui les mobilise).

Mais d'ailleurs, les muscles mêmes sont tombant, sauf en cas d'action qui les mobilise et les bande (ce n'est pas sale).
(Ici, Uderzo dessine vachement bien le gras du bras, et le muscle sous le gras, le cas échéant.)

Ce ne sont pas simplement les corps des personnages qui sont soumis à la gravité, mais chaque bout de chaque corps de chaque personnage. Faisant ceci, Uderzo nous révèle la structure de ces corps. On peut y deviner ce qui est du muscle, ce qui est de la graisse, et même comment est fichu le squelette.

Alors, OK, Uderzo anime peut être une espèce d'homme ballon avec un nez de sept kilos et un ventre d'une demi tonne, MAIS, comme on devine, dans la moindre ce ses postures, la construction de ce corps difforme, on y croit à mort.

COMME UN DINOSAURE, MAIS EN GAULE.

C'est le même phénomène qui est à l’œuvre dans les images de synthèse des films modernes. On sait très bien que les dinosaures n'existent plus. On sait très bien que des hommes bleus de deux mètres de haut vivant dans une planète lointaine, c'est chelou MAIS comme ils sont bien animés, qu'on peut voir les os bouger sous la peau des T-Rex et les antennes se dresser dans les slips des hommes bleus, on y croit à mort. Ce sont peut être des créatures incroyables, mais ce sont des créatures incroyables qui évoluent de manière drôlement crédible (comme nous) dans un univers vachement crédible (le nôtre).


Y A PAS QUE LA GRAVITÉ DANS LA VIE.

Au final, Uderzo n'utilise pas seulement la gravité pour faire tomber bêtement des trucs et nous rappeler que ses héros vivent dans le même univers que nous. Il l'utilise également pour dessiner la peau, le gras, les os.

 La peau.

Le gras.
Les os.

Ces personnages ne sont pas simplement vivants et bons vivants par leurs caractères.

 

Ils le sont également par leurs corps mêmes. Ils sont emplis de vie dès la première case, dès le premier pas de chaque héros dans l'histoire.


Petit jeu pour les vacances de Noël :
Dans cette première case de l'aventure d'Astérix le gaulois intitulée Obélix et compagnie se trouve de la vie.
Sauras-tu la reconnaître ?

jeudi 17 décembre 2015

La bande dessinée est soumise à la gravité, et des fois moins.

Mulot/Vivès/Ruppert nous montrent que, cette fameuse gravité, on peut un peu la négliger, à condition de la compenser par d'autres techniques qui permettent également de crédibiliser ses personnages.

Vivès/Ruppert & Mulot/ Isabelle Merlet et Jean-Jacques Rouger (toute une petite bande), Olympia, Dupuis - Air Libre.

Dans la bande dessinée de Ruppert/Mulot/Vivès, leurs héroïnes sont des espèces de danseuses-feux-follets, tandis que tous les autres personnages ont l'aspect de gros blocs rectangulaires et moches (ce serait probablement un truc féministe, si les femmes-autres-que-les-héroïnes n'étaient pas elles non plus des rectangles).

Pour arriver à ce contraste, les auteurs utilisent surtout les corps des personnages.

AVEC LA POSTURE, D'ABORD.

Les personnages sont de vrais petits Spider-man en herbe, représentées la plupart du temps dans des poses tarabiscotées, emmêlées, si pas complètement en déséquilibre (Ditko, aussi, imposait à Spider-man les poses les plus instables possibles, pour que la fantaisie, les capacités et le courage du super-héros tranchent avec la vie plutôt terne et terre à terre de Peter Parker).

Des positions un poil tordues.

Qu'on retrouve chez les personnages de Mulot/Ruppert/Vivès.
(La fille brune est assise toute bizarrement, le mec danse euh... de manière décomplexée, la rousse se relève pour se tordre, elle pouvait pas rester à plat. Même la fille enceinte est légèrement de biais.)

Même le quotidien est top challenge :

La brune ne peut ni ouvrir une porte ni faire des œufs au plat, ni même glander sur internet en étant stable et droite.

Elle est automatiquement dessinée en léger tombé arrière (elle est pas toute droite comme un I) pour conserver le déséquilibre.

Les héroïnes deviennent de quasi super-héroïnes. Avec des capacités physiques, ou au moins des comportements, ou au moins des postures différentes des nôtres.

AVEC LE MOUVEMENT, ENSUITE.

Quand elles sont assises ou allongées, les personnages arrivent à accomplir le prodige d'être en déséquilibre. C'est déjà pas mal. Et bin quand elles marchent/courent/volent, elles font la même chose.

De vraies danseuses en pleine chorégraphie (et tout en déséquilibre).

Qui, même quand elles marchent, marchent sur les pointes :


Et qui, même quand elles ne marchent pas sur les pointes, sont dessinées dans le mouvement (pas les deux pieds au sol) pour conserver cet aspect de danseuses en mouvement :


PAR LE CONTRASTE, ENFIN.

Ce déséquilibre permanent permet de contraster entre les filles et le reste des personnages (voir même les décors) et de rendre ces fille« spéciales », plus vivantes, plus dansantes, plus gracieuses.

Cela permet également d'imposer en creux leurs capacités physiques de voleuses à la Cat's eyes qui sautent des murs de 4 mètres de haut sans transpirer (elles sont différentes de nous, elles peuvent tout faire).

Des personnages qui étaient, là encore, tout en déséquilibre (de cheveux).
(Cat's eyeeeee,... siiiiiiigné signé Cat's eyeeeee,... touuudoudou.)

Cela met aussi le lecteur directement de leur côté, puisque ce sont tout simplement les personnages les plus cools du bouquin (les autres paraissant tous vieux, moches, ternes, et chiants) (rien que ça).

RENDRE CE CONTRASTE ÉVIDENT.

Pour cela, n'importe lequel des autres personnages sera représenté comme un gros patapouf avachi dans la facilité.

Soit parce qu'ils le sont.
(Bon, d'accord, là, le perso est rond, et ça invalide vaguement ma théorie des gens carrés contre les danseuses à courbes, mais
1°) c'est quand même un gros patapouf ; 2°) faites semblant d'avoir rien vu.

Soit parce qu'ils paraissent juste moins mobiles que les héroïnes.


 Soit parce qu'ils sont, physiquement tout carrés, et hyper stables dans leurs postures.


Soit parce que les auteurs en rajoutent une couche avec subtilité.


Et même quand tous les personnages font la même chose, ils sont cadrés différemment pour que les héroïnes gardent leur aspect dynamique, et que les méchants conservent leur aspect carré.

Héroïnes de trois-quart pour bien appuyer leurs corps penchés en avant.
Méchant de face, pour bien gommer ce même aspect.

Et si, par hasard, il faut faire un truc plus mastoc (comme taper des gens), les auteurs se débrouillent toujours pour que les héroïnes restent tout en courbes pour conserver leur statut à la spider-man.


PROBLÈME.

Une fois qu'on a transformé ces personnages en barychnikov-ninja-contorsionniste-qui-touche-plus terre, comment rendre cette fameuse gravité dont je vous ai rebattu les oreilles la semaine dernière et qui est censée crédibiliser et concrétiser des personnages ?

La fille en robe blanche se prend même pour Superman, c'est dire.

Eh bien on peut par exemple utiliser la méthode Stevenson.

LA MÉTHODE STEVENSON.

La méthode Stevenson est une méthode que je viens d'inventer, du nom de Robert Louis Stevenson, qui, certes a un prénom tout pourri, mais est quand même l'auteur de l'île au trésor, du maître de Ballantrae, ou du creux de la vague (personne ne connaît ce roman, mais il est génial) (et je vous passe le couplet comme quoi son livre le plus parfait stylistiquement est l'île au trésor mais que, comme c'est un roman classé dans la catégorie jeunesse, tout le monde prend ce pauvre Robert Louis de haut, alors que c'est un type qui touche drôlement sa bille) (l'inventeur de Long John Silver ne peut pas être un mauvais bougre).

Robert Louis, c'est un sacré gars.

Tout ça pour dire que Robert Louis Stevenson a une méthode d'écriture bien à lui : l'écriture en points d'axes.

QU'EST-CE A DIRE ?

Robert Louis part d'une idée, d'un objet, d'un personnage, et il se débrouille pour que 1°) le lecteur y croie à mort (par une description précise et pointue) 2°) le lecteur se l'approprie à mort (par une description précise et pointue et élusive) 3°) le lecteur le kiffe à mort (par une description précise, pointue, élusive, et cool, avec des détails saisissants). 

Bref, il se débrouille pour que le lecteur soit trop fan de ce personnage/cette situation/ce décor/cet objet/what else/oui merci j'aimerais bien un petit café moi aussi.

T'AURAIS PAS UN EXEMPLE, PARCE QUE, LA, JE SUIS PAS SUR DE TOUT COMPRENDRE.

Si on prend l'arrivée dans le récit de l'île au trésor de ce fameux Long John Silver (traduction de Théo Varlet) :

Durant mon hésitation, un homme surgit d’une pièce intérieure, et un coup d’œil suffit à me persuader que c’était Long John. Il avait la jambe gauche coupée au niveau de la hanche, et il portait sous l’aisselle gauche une béquille, dont il usait avec une merveilleuse prestesse, en sautillant dessus comme un oiseau. Il était très grand et robuste, avec une figure aussi grosse qu’un jambon — une vilaine figure blême, mais spirituelle et souriante. Il semblait même fort en gaieté, sifflait tout en circulant parmi les tables et distribuait des plaisanteries ou des tapes sur l’épaule à ses clients favoris.

On a une description physique complète (la jambe coupée, le corps robuste, la figure blême, le caractère spirituel et gai) mais qui reste suffisamment floue pour que chaque lecteur puisse se faire sa propre interprétation dans sa petite tête (il a une tête aussi grosse qu'un jambon, certes, c'est bien gentil, mais chaque lecteur interprétera cette description à sa sauce ; il saute sur sa béquille comme un oiseau, ok, on voit qu'il est agile, mais bon, sans vouloir vexer personne, c'est un peu l'expression qui veut rien dire quand même) (au passage, les gars, 'faites pas comme tous les mauvais adaptateurs du bouquin et ne confondez pas : Silver n'a pas de pilon, il a une jambe coupée et une béquille ; ce qui le rend beaucoup plus imprévisible, beaucoup plus rapide, beaucoup plus mouvant, tout son caractère est contenu dans ce détail).

Long John Silver et non je ne ferais pas de blague sur la pédophilie. Ça n'est pas drôle, la pédophilie.
(Illustration de N. C. Wyeth, le grand boss des illustrations d'aventure avec mecs burinés a mentons carrés.)

On a surtout des détails qui rendent le bonhomme éminemment sympathique : son handicap qui n'en ai pas un, ses capacités physiques digne d'un Oscar Pistorius, sa bonhommie complète. Tout de suite, on adore le personnage et on ne doute pas une seconde que tout sera fun avec lui.

POUR RÉSUMER :

Nous disons donc : des détails, mais pas trop, et surtout, des détails croquignolets.

ET C'EST BIEN CE QUE FONT RUPPERT/VIVES/MULOT.

Ils réservent certaines de leurs cases aux détails, qu'ils concernent les personnages, les décors, et, surtout, les actions.

LES PERSONNAGES SONT DES SILHOUETTES.

L'employeur des héroïnes est un mec tout chauve, avec une moustache à la brigades du tigre, entouré de filles à gros seins.
Ça pose son homme.

Les héroïnes sont elles blondes/rousse/châtain, coupée court/long/sur les côtés.

Ça a l'air bête, mais ça pose son personnage de manière simple et précise. Chaque personnage est un schéma fait de quelques caractéristiques parfaitement dessinées dans l'esprit du lecteur.

Un peu comme Pew l'aveugle, qui est aveugle.

LES DÉCORS SONT FROIDS ET DÉTAILLÉS.

En opposition avec la manière assez lâchée et élusive de décrire, construire, et dessiner les personnages, les décors sont très détaillés.

Des décors précis, froid, fixe et stable et les personnages en mouvement.

Ils permettent justement de crédibiliser l'univers dans lequel les personnages évoluent. Ok, ce sont des presque-spiderman, mais elles vivent bien dans le même monde que nous, pas dans un monde rempli d'araignées mutantes ou de professeurs fous, ou je sais pas quoi. Elles ne sont donc pas vraiment des super-héroïnes, mais bien des héroïnes putain de super cool.

Mais les décors sont également assez froids, assez carrés, eux-aussi, pour qu'on conserve ce contraste entre des filles-feux-follets et des environnements massifs, tout en lignes droites.

Décors froids Ikéa.

Monde moderne impersonnel construit de solitudes.

Monde moderne impersonnel construit de solitudes avec des personnages à la Kubrick dans eyes wide shut avant que la fête parte en sucette. (Cat's EYESEYES wide shut, coïncidence ?) (Oui, évidement coïncidence, je raconte n'importe quoi.)

A chaque scène, ça ne rate pas : une grande case avec la description du décor, puis d'autres cases plus petites qui gravitent autour où le décor est évoqué mais moins détaillé.

Là encore : des détails, mais pas trop, du Stevenson, quoi.

Une grande case avec la description du décor, puis d'autres cases plus petites qui gravitent autour où le décor est évoqué  
(ici, surtout, par la couleur) mais moins détaillé.

(Je ne sais pas si vous saviez, mais il faut répéter six fois les choses avant de vraiment les intégrer.)

LES ACTIONS SONT DÉCRITES AVEC SOIN.

C'est ici surtout que se construisent ces fameux points d'axe stevensoniens. Et ils se font d'une manière très simple : les baffes dans la gueule. (Et, des fois, les pan-pans dans la face.)






En détaillant très précisément une ACTION (le pan-dans-la-gueule) (alors, là, la posture pour frapper, c'est comme ça, et son effet, c'est celui-ci), les auteurs crédibilisent cette ACTION (ces coups ont l'air de faire réellement très mal, dites donc), et crédibilisent donc complètement le statut d'héroïnes d'ACTION des personnages. On croit en cette action, on croira à toute les autres dans un bel effet domino.

AU CONTRAIRE MÊME !

Il devient constructif de ne pas montrer toutes les actions. D'une part pour que le lecteur se fasse son propre film dans sa petite tête, s'approprie les personnages, et imagine dans sa tête une scène encore plus over-the-top que ce que les auteurs auraient jamais pu dessiner. D'autre part pour ne pas gâcher les capacités-des-super-héroïnes-très-détaillées par justement trop de détails qui rendraient l'ensemble laborieux.


Tour de magie : comment s'en sont-elles sorties ? À vous de l'imaginer dans votre petite tête.

ÉQUILIBRE DES FORCES.

Il faut savoir montrer, mais pas trop. Respecter la gravité, pour mieux s'en jouer. Décrire très précisément les actions, mais pas tout le temps. Faire danser ses personnages, mais pas tous.

Et c'est par un effet de jongle entre tout ces éléments que naissent les héroïnes.

Cat's eyeeeee... Touuudoudou...